Le gisant est un des joyaux de cette église romane, bâtie en granite beige-gris-rose du pays au XIIe siècle mais remodelée par la suite.
Elle possède un clocher-mur traditionnel, un chœur, des chapiteaux et des modillons médiévaux de très belle facture,
un curieux autel préchrétien rapporté, une pietà émouvante, des vitraux modernes dus à Zak et, dans une niche sécurisée, des objets cultuels précieux dont la copie du chef reliquaire de Saint-Martin.
Le vol, la contrefaçon et la vente illégale de cette œuvre d’art remarquable du XIVe siècle, firent scandale en 1911-1912.
Article de La Montagne du 17/07/2014
Cet été, le Pays d’art et d’histoire des hautes terres corréziennes propose des visites guidées de l’église de Soudeilles, monument classé et chargé d’histoire.
C’est un site sans prétention, de prime abord, qui s’ouvre aux visiteurs durant tout l’été. Le petit village de Soudeilles, à 5 kilomètres au nord-est d’Égletons, en haute Corrèze, abrite en son sein une église romane construite au XII e siècle et modifiée au XV e siècle. D’apparence modeste, l’église du bourg renferme pourtant une histoire passionnante, celle de la famille Soudeilles.
Les premières traces de l’existence de la seigneurie des Soudeilles remontent à 1174. Ils étaient vassaux des Ventadour, avec lesquels ils participèrent à une croisade. À partir du XVI e siècle, alors que les Ventadour se concentrent sur la haute Corrèze, les Soudeilles gagnent de plus en plus de pouvoir, et en 1575, Gabriel de Soudeilles devient gouverneur de Brie.
La gloire avant le déclin
L’essor de la famille est tel qu’elle est admise d’honneur à la cour du roi Louis XIV. À la fin du XVII e siècle, elle possède quatorze domaines et quatre châteaux ; elle est alors au summum de sa puissance.
La suite des événements est moins glorieuse et moins chanceuse pour la famille Soudeilles. Sa chute est aussi terrible que son ascension, avec comme point de départ une fronde trop précoce contre Richelieu, et comme arrivée, la banqueroute financière.
Le monument ne vaut pas seulement par l’histoire qu’il renferme, mais aussi par les nombreux éléments remarquables qu’il abrite. À commencer par un gisant, dont on ne connaît pas le commanditaire et qui pousse les historiens à de nombreuses hypothèses. On trouve également une réplique du buste de saint Martin, ‘uvre d’émail de Limoges, qui a défrayé la chronique au début du XX e siècle. Le buste « original » est conservé au Louvre.
Soudeilles fait la Une
Les vitraux ont été remplacés en 1971 par des créations originales de l’artiste abstrait franco-russe Léon Zack.
L’architecture romane de l’église se retrouve aussi dans les détails, notamment les modillons, aux visages très expressifs, qu’ils soient humains ou non. L’un des modillons est particulièrement cocasse, et pourrait être la signature du sculpteur ou de l’architecte de l’édifice. Les chapiteaux s’inscrivent aussi dans le style roman.
On note aussi la présence de deux crucifix au sein de l’église, d’un autel posé sur une pierre sarrasine, et de nombreux objets mobiliers classés.
L’église était à l’origine la chapelle du château des marquis de Soudeilles. La bâtisse était encastrée dans l’enceinte du manoir fortifié, et on peut encore apercevoir les fondations de l’ensemble castral tout autour de la chapelle. Elle a été classée en 1917 au titre de monument historique, notamment grâce à la renommée de l’affaire du buste de saint Martin, qui relia le petit village de Corrèze à l’un des hommes les plus puissants du monde au début de XX e siècle.
Nicolas Rochon
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